Pensée éternelle du nord
Sempiternelle septentrionale
Urinoir miroir
Mixture miction d'un laboratoire de porcelaine
Vessie hyperactive, pisse sans repos
Oblong
Pensées sempiternelles, ternes et septentrionales
Un bal oblong, une danse sur Terre en transparence
Les pieds qui calent dans la neige, ou dans la swamp
Jamais on arrive.
Marche plus longue que large, oblongue
Achetez local
Si vous en êtes un, vous n'aurez rien.
La crevasse qui détermine mon revenu,
Je détermine qui en bénéficie.
La richesse intellectuelle de mes consœurs est mon refuge.
Payer pour leur mots c'est les laisser parler et mettre fin à leur censure.
C'est immortaliser la pensée que vous désirez voir oubliée.
Si vous en êtes un, vous n'aurez rien.
Levez la main pour parler.
Je saurai qui ignorer.
1994
Back when life was sunny
When it felt like morning
When it smelled like cold dew
When life was like spring, brand new
A dew drop perched on a strand of grass
When I was unhurt
When I was young
When I didn't know I had my whole life in front of me
When I still believed there was someone out there for me
When I naively thought I could be happy like the grown ups in the movies.
Folle
Un autre amas de mots à propos de l'hystérie d'une femme. Se lamenter comme une banshee, le savoir-faire de quelqu'un contrôlé par ses émotions, évidemment. Je me comporte comme un homme aux yeux des autres, elle ne se plaint jamais, elle ne montre aucune émotion. Le fardeau d'une misogynie interne. Montrer que je perds complètement mes moyens à chaque mois de façon récurrente, c'est montrer qu'ils ont raison. C'est avouer quelque chose qu'il ne faut pas avouer puisqu'il s'agit d'une tache sur la réputation d'une femme libérée et moderne. Un stéréotype qu'on s'efforce de faire disparaître. Je ne serai jamais une femme de carrière, et je n'aurai probablement pas d'enfants. Je suis dure, froide, mais pourtant si vulnérable. Jamais assez dure pour une carrière, car c'est une façade. Jamais je ne serai aimée à mon souhait et jamais je n'aimerai convenablement. Je suis le produit d'un entre-deux. Le lendemain d'un contrôle des générations par l'église, le début d'une libération des droits de la femme. Au milieu d'une crise où la famille ne sait plus quel est son rôle. Qui est responsable de mon mal de vivre ? Est-ce que c'est le capitalisme, est-ce que c'est la religion ? Je ne me sentirai jamais libre de posséder mon propre corps, mes propres désirs. J'aurai toujours honte, de ce que je suis, de ce que j'ai pu dire ou faire, et de ce que je veux.
Nous voici en 2024, j'ai 37 ans et je n'ai rien. Certes, j'ai une éducation, dans un domaine dominé par les hommes, je ne veux donc pas y participer. Je n'ai jamais développé cet instinct tant féminin de vouloir prendre soin des autres. Je ne suis pas la femme typique, je ne suis pas l'homme et je ne le serai jamais. Je ne veux pas me battre, je ne veux pas persévérer, je ne veux pas être forte, je ne veux pas devoir protéger mes droits. Je ne veux pas participer dans une société qui ne me voit pas comme un être humain.
Il est plus facile de se détester que d'être détestée par ceux à qui nous aimerions plaire. Je reste donc chez moi et je pleure. Je ne suis pas normale, je ne serai jamais un humain conforme. Je ne suis pas comprise. Je ne comprends pas les autres, je comprends seulement leur avidité. Quand quelqu'un veut quelque chose, je considère toujours le motif le plus lugubre.